Résumé

PL-003

La génétique: regard philosophique sur une nouvelle passion collective

P. Le Coz*a (Pr)

a Espace Ethique Méditerranéen, Hôpital de la Timone Adultes, Marseille, FRANCE

* pierre.le-coz@univ-amu.fr

La génétique passionne nos contemporains et va jusqu’à modifier l’exercice ordinaire de la médecine. Elle s’invite partout dans les nouvelles thérapeutiques, requalifie les pathologies en leur assignant des facteurs de risque. Il ne sera bientôt plus possible de poser un diagnostic sans faire une enquête familiale.

A l’échelle internationale, les tests de prédiction font l’objet d’un commerce lucratif. Des centaines de maladies génétiques sont répertoriées dans des catalogues en ligne, avec cette particularité que l’information délivrée au client a un impact potentiel sur ses apparentés. Sur fond de mondialisation, les Etats tentent de réguler les pratiques. Cependant, il faut se résoudre à l’évidence, nous avons perdu notre innocence génétique. La connaissance de soi s’en trouve modifiée. Elle requiert le détour de la génétique qui pointe ce qu’il y a d’inné et d’héréditaire dans nos conduites. L’homme d'aujourd'hui s’interprète différemment, à travers le prisme de son patrimoine génétique.

Comme toute passion, la génétique génère espoirs et désillusions. Il convient de trouver le bon positionnement afin de réduire les dommages psychiques et les coûts d’opportunité. Un détour par l’histoire des idées permet de dégager trois attitudes de pensée. La première dite conservatrice consiste à sacraliser la vie en s’interdisant de pénétrer dans le sanctuaire du génome. Une deuxième position dite utilitariste consiste à soutenir que la génétique participe à l’augmentation du plus grand bonheur du plus grand nombre d’individus possible. Une troisième orientation dite prudente cherche le juste équilibre entre l’inné et l’acquis en réhabilitant la dimension contextuelle et épigénétique des pathologies.

L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.

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