Résumé
Des interférences par anticorps anti-streptavidine à l'origine d'un bilan thyroïdien erroné et d'un traitement inadapté
L. Peltiera (Dr), C. Massart*a (Dr), MP. Moineaub (Dr), M. Beaumontc (Dr), N. Roudautd (Dr)
a Unité Fonctionnelle d'Hormonologie, Service de Biochimie, CHU Pontchaillou, Rennes, FRANCE ; b Département de Biochimie-Toxicologie, Hôpital La Cavale Blanche CHRU Brest, Brest, FRANCE ; c Unité Fonctionnelle d'Hormonologie, Service de Biochimie, CHU Ponchaillou, Rennes, FRANCE ; d Service d'Endocrinologie, Hôpital la Cavale Blanche, CHRU Brest, Brest, FRANCE
* catherine.massart@chu-rennes.fr
Introduction : Des interférences par autoanticorps dans les dosages par immunoanalyse peuvent générer des diagnostics erronés notamment de maladie de Basedow ici rapporté.
Observation : Suite à l’arrêt de contraception orale, une jeune fille de 17 ans présentant une aménorrhée secondaire, des palpitations et insomnies se voit prescrire un bilan biologique comprenant la TSH qui dosée sur le Cobas® (Roche) affiche une valeur abaissée. Le bilan thyroïdien complet alors réalisé révèle des taux élevés de thyroxine libre (T4L), de triiodothyronine libre (T3L), des anticorps anti-récepteur à la TSH (TRAK) (14,1 UI/L; normes < 1,75) et anti-thyroperoxydase (anti-TPO). Devant ce tableau évoquant une maladie de Basedow, la patiente est traitée par Thiamazole. Les taux de TSH augmentent légèrement mais les valeurs de T3L et T4L restent très élevées. Le généraliste envoie sa patiente consulter au CHU. La palpation thyroïdienne et l’échographie cervicale sont normales. La TSH, T4L, T3L dosés sur l’Advia-Centaur® sont normales et le TRAK humain mesuré par isotopie est indétectable ainsi que les anti-TPO sur Kryptor® Compact+. Après précipitation au polyéthylène glycol, les valeurs de TSH, T4L, T3L et anti-TPO dosés sur le Cobas® se retrouvent normaux. Les sérums sont envoyés à la Société Roche qui met en évidence des interférences dues à la présence d’anticorps anti-streptavidine.
Discussion-Conclusion : En cas de bilan biologique douteux, il appartient au clinicien d’alerter le biologiste pour qu’il puisse vérifier les résultats par une autre technique. Dans ces conditions, pourront être évités des diagnostics erronés à l’origine de traitement inutile pour le patient.
L’auteur a déclaré le(s) conflit(s) d’intérêt suivant(s) :
Catherine Massart a assisté à des Congrès grâce aux soutiens financiers (inscription, transport et hébergement) de Roche et de Siemens Healthcare.