Un effet indésirable oublié du diazoxide dans le traitement de l’insulinome malin.
P. Baltzinger*a (M.), E. Fasciglionea (Mlle), C. Mullerb (Dr), R. Janssenc (Dr), M. Gregetd (Dr), MC. Taqueta (Dr), F. Lucaa (Dr), B. Goichota (Pr)
a Service de Médecine Interne et Endocrinologie, Hôpital de Hautepierre, CHU de STRASBOURG, Strasbourg, FRANCE ; b Service de Néphrologie, Nouvel Hôpital Civil, CHU de STRASBOURG, Strasbourg, FRANCE ; c Service de Réanimation médicale, Hôpital de Hautepierre, CHU de STRASBOURG, Strasbourg, FRANCE ; d Service d'Imagerie interventionnelle, Hôpital de Hautepierre, CHU de STRASBOURG, Strasbourg, FRANCE
* philippe.baltzinger@chru-strasbourg.fr
Introduction : Développé dans les années 1950 à visée antihypertensive (action vasodilatatrice) le diazoxide (Proglycem®) est aujourd’hui le traitement médical hyperglycémiant de première intention de l’insulinome symptomatique.
Observation : un homme de 79 ans est adressé pour prise en charge d’un insulinome malin. Il a des antécédents d’HTA et d’insuffisance rénale (IR) chronique présumée vasculaire (ClCr 39mL/min/1,73m^2). Un traitement par diazoxide est introduit permettant une amélioration des glycémies mais après quelques jours la fonction rénale se dégrade brutalement (créatinine 468 µmol/L) conjointement à la récurrence d’hypoglycémies sévères qui motivent l’augmentation du diazoxide. Devant la progression de l’IR aigue, l’apparition d’une oligurie et d’une hypotension (répondant partiellement au remplissage) le patient est transféré en soins intensifs de néphrologie. Une dialyse intermittente et un soutien vasopresseur sont débutés mais devant les hypoglycémies réfractaires, une chimioembolisation lipiodolée en urgence est décidée. L’amélioration des glycémies est immédiate et l’évolution rénale est finalement favorable permettant l’arrêt de la dialyse à J12. A 4 mois, le patient va bien et est asymptomatique sans traitement.
Discussion : Le diazoxide est le traitement de choix des hypoglycémies de l’insulinome malin. La rétention hydro-sodée et l’apparition d'un lanugo sont des effets indésirables bien connus mais l’effet vasodilatateur pose rarement problème en pratique courante. Cette observation rappelle que sur certains terrains, en particulier l’insuffisance rénale, l’utilisation du diazoxide doit être prudente car potentiellement à l’origine d’une spirale délétère avec décompensation de l’insuffisance rénale et aggravation des hypoglycémies. Une chimioembolisation sous couvert d’une dialyse temporaire a permis ici d’obtenir une amélioration rapide et prolongée.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.