Exophtalmie sévère chez un patient euthyroïdien au cours d’une immunothérapie anti-PD1.
P. Campredon*a (Mlle), P. Imbertb (Dr), C. Moulya (Dr), S. Grunenwalda (Dr), J. Mazieresc (Pr), P. Carond (Pr)
a Service d'Endocrinologie et maladies métaboliques, CHU Larrey, Toulouse, FRANCE ; b Ophtalmologie, Clinique du Parc et consultation multidisciplinaire, CHU Larrey, Toulouse, FRANCE ; c Service de Pneumologie, CHU Larrey, Toulouse, FRANCE ; d Service d'Endocrinologie et maladies métaboliques, consultation multidisciplinaire, CHU Larrey, Toulouse, FRANCE
* pauline.campredon@wanadoo.fr
Introduction : L’immunothérapie par l’anticorps monoclonal anti-PD1 est indiquée dans le traitement du mélanome et du cancer bronchique métastatique. Les effets secondaires endocriniens (dysthyroïdies, hypophysite, insuffisance surrénalienne) sont le plus souvent de mécanisme immunologique. Nous rapportons la première observation d’exophtalmie sévère au cours de ce traitement.
Patient : Un homme âgé de 61 ans, sans antécédent de dysthyroïdie, est suivi pour un carcinome épidermoïde bronchique métastatique traité par Nivolumab (Lab Bristol-Myers Squibb). Après la 3ème cure il présente en un mois, un ptosis droit puis bilatéral, une kératite ponctuée superficielle inférieure prédominant à gauche, une ophtalmoplégie complète et une exophtalmie importante bilatérale (Hertel 28 mm) inflammatoire (chémosis), sans baisse de l’acuité visuelle, de trouble de la vision des couleurs ni d’œdème papillaire. Le patient n’a pas de goitre, est euthyroïdien (TSH = 0,78 mU/L, T4l 12,2 pg/ml), et le bilan ne met pas en évidence d’Ac anti-TPO et d’Ac anti-récepteur de la TSH. Le scanner confirme une exophtalmie de grade 3 et l’IRM visualise un hypersignal T2 de la graisse rétro-orbitaire sans hypertrophie des muscles oculo-moteurs. Le traitement par Nivolumab est interrompu et le patient est traité par bolus de corticoïdes (dose initiale 1 gr de méthylprednisolone).
Conclusion : Au cours d’une immunothérapie par anti-PD1, une exophtalmie est une entité clinique à distinguer de l’orbitopathie dysthyroïdienne. Le diagnostic doit être évoqué même chez un patient euthyroïdien sans dysimmunité thyroïdienne. Après arrêt de l’immunothérapie anti-PD-1, le protocole optimal de la corticothérapie devra être évalué au sein de séries prospectives.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.