Hypoparathyroïdie induite par l’hypomagnésémie : à propos de deux observations
S. Billet*a (Mme), P. Gileta (Mme), N. Kattana (M.), MA. Beaudoina (Mme), J. Denizota (M.), L. Meilleta (Dr), F. Schilloa (Dr), S. Borota (Dr)
a Service de diabétologie-endocrinologie CHU J. Minjoz, Besancon, FRANCE
* sophiebillet@yahoo.fr
INTRODUCTION
L’hypoparathyroïdie induite par l’hypomagnésémie est un phénomène peu connu et mal expliqué. La carence en magnésium provoque une inhibition de la sécrétion de PTH et de son action osseuse, responsable d’une hypocalcémie, aboutissant au tableau d’hypoparathyroïdie.
OBSERVATION
Nous rapportons le cas de 2 patientes présentant une hypoparathyroïdie avec hypocalcémie symptomatique, associée à une hypomagnésémie. Les dosages montrent pour la première patiente : calcémie corrigée 1,93 mmol/L (2,12-2,52), PTH 35 ng/mL (14-72) inadaptée, phosphore 1,02 mmol/L (0,64-1,14), 25 hydroxyvitamine D 73 ng/mL (30-100), magnésémie 0,18 mmol/L (0,78-0,99), magnésium érythrocytaire 1,60 mmol/L (1,65-2,65). Les dosages sont similaires pour la seconde patiente hormis une carence en vitamine D (8 ng/mL).
La première patiente bénéficie d’une substitution en magnésium per os, la seconde de perfusions.
Les dosages du magnésium sont ensuite stables avec une substitution per os, permettant une correction de l’hypomagnésémie et de l’hypoparathyroïdie.
L’étiologie de l’hypomagnésémie de la première patiente est inexpliquée. Celle de la seconde pourrait être liée à une prise d’IPP favorisant une malabsorption (carence en vitamines liposolubles). Chez les deux, la magnésurie est effondrée < 0,08 mmol/24h.
DISCUSSION
En plus des étiologies fréquentes et connues d’hypoparathyroïdie (auto-immune, post-chirurgie cervicale), l’hypomagnésémie doit être une cause systématiquement recherchée.
L’hypomagnésémie peut être d’origine digestive (malabsorption, diarrhée, carence d’apports) ou rénale (diurétiques thiazidiques, tubulopathie). La prise d’IPP doit être recherchée avec attention (altération des canaux TRPM6/7 présents sur les entérocytes et les cellules rénales empêchant l’absorption digestive et la réabsorption rénale du magnésium).
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.