Les fortes concentrations de FSH de la mini-puberté induisent la production d’œstradiol sans stimuler la croissance terminale des follicules: un paradoxe expliqué.
C. Françoisa (Dr), F. Petita (Mme), F. Gitonb (Dr), A. Gougeonc (Dr), C. Raveld (Pr), S. Magrea (Dr), J. Cohen-Tannoudjia (Pr), C. Guigon*a (Dr)
a Univ Paris 7-CNRS UMR8251-Inserm U1133, Paris, FRANCE ; b APHP CIB GHU Sud Henri Mondor, INSERM IMRB U955, Eq.07, Faculté de Médecine, Créteil, FRANCE ; c Inserm U1052, CRCL, Faculté de Médecine Laennec, Lyon, FRANCE ; d CHU de Rennes – Université de Rennes1, Laboratoire de Biologie de la Reproduction, INSERM U1085-IRSET, Rennes, FRANCE
* celine.guigon@univ-paris-diderot.fr
Introduction: La mini-puberté correspond à une phase d’activation temporaire de l’axe gonadotrope; elle survient juste après la naissance chez les mammifères. L’élévation importante des niveaux des gonadotropines LH et FSH s’accompagne chez la femelle de la production d’œstradiol (E2) par des follicules immatures. L’E2 infantile participerait notamment à la sexualisation du cerveau.
Objectifs: Etudier la régulation de la fonction ovarienne par les gonadotropines au cours de la mini-puberté, et comprendre comment leurs concentrations élevées stimulent l’activité stéroïdogène de l’ovaire sans induire l’ovulation.
Matériels et méthodes: Après manipulation expérimentale des niveaux de gonadotropines in vivo et in vitro chez la souris infantile, l’activite stéroïdogène et la folliculogenèse sont analysés (production d’E2 par technique GC/MS, expression de facteurs clés de ces deux processus en RT-qPCR et/ou Western blot, histologie).
Résultats: De hauts niveaux de FSH sont requis pour induire l’expression de l’aromatase dans l’ovaire et générer ainsi une production significative d’E2 dans cette période. Toutefois, à ces concentrations, la FSH perd son action stimulatrice sur la croissance folliculaire. Cela résulte de la perte d’induction de l’expression de la cycline D2, un facteur essentiel à la croissance folliculaire. En accord avec ces résultats, un traitement classique de superovulation administré à des souris infantiles, accroît la production ovarienne d’E2 mais ne stimule pas la croissance folliculaire.
Discussion: Nos travaux révèlent l’existence d’un mécanisme de régulation insoupçonné par lequel les concentrations élevées de FSH de la mini-puberté contribuent à la production d’E2 tout en empêchant une maturation prématurée des follicules ovariens.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.