La maigreur constitutionnelle
B. Estour*a (Pr), B. Galuscab (Pr), N. Germaina (Pr)
a Service d’endocrinologie CHU Saint Etienne, Saint-Etienne, FRANCE ; b EA 7423 - Université Jean Monnet, Saint-Etienne, FRANCE
* bruno.estour@chu-st-etienne.fr
La maigreur constitutionnelle (MC) pose trois questions : le diagnostic différentiel avec l’anorexie mentale restrictive (AM), la clinique, les bases physiopathologiques.
La maigreur définie par l’OMS représente 4% de la population française dans les études Obepi toutes étiologies confondues.
En l’absence de critères reconnus, la fréquence de la MC est difficile à établir. C’est par élimination des symptômes de l’AM regroupé dans le DSM IV puis 5 dans une population de même tranche d’âge que l’évidence de la MC est apparue. Les échelles psychiatriques montrent une différence de maitrise perfectionnisme et persévérance entre les groupes, l’absence de déni de maigreur et le souhait de grossir exprimés par les MC. Sur le plan somatique, pour un même IMC entre 14.5 et 16.5 kg/m², les marqueurs nutritionnels leptine, T3, IGF1, masse grasse sont différents. La présence des règles à l’arrêt de la pilule est une constante dans la MC ce qui remet en cause la nouvelle définition DSM 5 qui supprime l’aménorrhée secondaire de la définition. Différentier AM et CT évitera la stigmatisation de ces dernières.
La MC se rencontre dans les deux sexes avec souvent un caractère héréditaire. Elle s’exprime tout au long de la vie, sans cassure de la courbe de poids. Outre le bilan nutritionnel, les axes hormonaux gonado , cortico , thyreo , somatotrope et prolactinique sont normaux. La diminution de la masse osseuse avec ostéoporose dans 50% des cas dès l’âge de 20 ans représente la seule complication, non expliquée par le découplage osseux rapporté dans l’AM. Il n’y a pas à ce jour de marqueur spécifique de la MC ce qui oblige à proposer des bilans diagnostics complets.
La MC s’explique par la diminution, de la masse grasse composés de petits adipocytes, de la masse musculaires dont la répartition des fibres montre moins de fibres lentes oxydatives (type I) plus de fibres rapides glycolytiques type IIa et IIx) et de la masse osseuse. La balance énergétique entre l’apport alimentaire et les dépenses est positive. On note une résistance à la prise de poids sous le complément de 600 Kcal de lipides par jour en plus de l’apport habituel pendant un mois, comparé aux témoins. Si la ghréline est normale (élevée dans AM) le PYY s’élève après les repas expliquant un comportement alimentaire particulier fait de repas principaux plus légers compensés par des collations multiples.
La MC , qui n’est pas une AM, de physiologie encore mal connue, représente une situation en miroir de « l’obésité saine ». Toute compréhension de l’une rejaillira sur l’autre situation.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.