Interférence biologique par surdosage en biotine mimant une maladie de Basedow : à propos de 3 cas
O. Gilly*a (Dr), DP. De Brauwerb (Dr), V. Cosmaa (Dr), R. Guintranda (Dr), V. Taillarda (Dr), B. Chambertc (Dr), G. Castelnovod (Dr), E. Thouvenotd (Pr), AM. Guedja (Dr)
a Service MME CHU Nîmes, Nîmes, FRANCE ; b Service biochimie CHU Nîmes, Nîmes, FRANCE ; c Service Médecine nucléaire CHU Nîmes, Nîmes, FRANCE ; d Service Neurologie CHU Nîmes, Nîmes, FRANCE
* olivier.gilly@chu-nimes.fr
Introduction : La biotine est utilisée comme stabilisant de nombreux immuno-dosages en association avec la streptavidine. Son surdosage crée des interférences rendant les résultats biologiques ininterprétables. Nous rapportons 3 observations de maladie de basedow factice par cette interférence dans le traitement par forte dose dans la sclérose en plaque (SEP).
CAS N°1 : Mme T. 66 ans, SEP traitée par biotine. Hypothyroïdie sous Lévothyrox 75 ug/j. Tachycardie, asthénie. TSH : 0,08 mUI/l (0,27-4,2), T4l > 100 pmol/l (12-22), T3l : 7,5 pmol/l (3,1-6,8), TRAK > 40U/l (<1,5). Arrêt Lévothyrox; scintigraphie thyroïdienne : maladie de Basedow. Introduction Thyrozol 40 mg. Absence d’amélioration. Contrôle avec dosage sans biotine : TSH : 13mUI/l (0.35-4.9), arrêt thyrozol reprise Lévothyrox.
CAS N°2 : M. R. 51 ans SEP traitée par biotine. Diarrhées, perte de 6kg. TSH :0,13 mUI/l, T4l :22 pmol/l, T3L : 5 pmol/l, TRAK : 41 UI/l. Scintigraphie : maladie de Basedow. Néomercazole 40 mg et Lévothyrox 25 ug/j. Arrêt de biotine, Neomercazole et Lévothyrox. Normalisation du bilan thyroïdien.
CAS N°3 : Mme P 48 ans, SEP traitée par biotine. Clinique asymptomatique. TSH 0,14 mUI/l (0,40-3,77), T4l : 19,6 pmol/l (12-22), T3l : 5,9 pmol/l (3,1-6,8), TRAK 23,6 UI/l (<1,8). Scintigraphie : nodule toxique. Contrôle biologique avec dosage sans biotine normal.
Discussion : L’interférence par surdosage en biotine est trompeuse car l’élévation de la T4l , T3l et TRAK et la baisse de la TSH miment une maladie de Basedow, de même que le contexte auto-immun de la SEP. La clinique doit amener à critiquer les dosages. Nous ne nous expliquons pas les aspects scintigraphiques constatés.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.