Une lésion hypophysaire atypique
A. Mailliez*a (Mlle), C. Loyera (Dr), E. Merlena (Dr), F. Zairib (Dr), F. Kohlera (Dr), MC. Vantyghema (Pr)
a Service d'Endocrinologie-Diabétologie-Hôpital Claude HURIEZ - CHRU LILLE, Lille, FRANCE ; b Service de Neurochirurgie - Hôpital Roger Salengro - CHRU LILLE, Lille, FRANCE
* aurelie.mailliez@etu.univ-lille2.fr
INTRODUCTION : La découverte d’une lésion supra-sellaire nécessite un bilan étiologique rigoureux comprenant une évaluation hormonale et morphologique.
OBSERVATION: Une patiente de 36 ans est adressée pour bilan étiologique d’une lésion supra-sellaire étiquetée adénome hypophysaire. Cette lésion de 31*23*36 mm avait été découverte sur une IRM cérébrale réalisée pour acouphènes évoluant depuis 1 mois associée à une diplopie binoculaire. La lésion présentait une extension supra et latéro-sellaire gauche avec envahissement du sinus caverneux homolatéral et refoulement du chiasma optique. La lésion était parfaitement arrondie, homogène à l'injection de gadolinium.
Cliniquement, il existait une paralysie du nerf VI gauche et une diplopie binoculaire. Le fond d’œil et le champ visuel étaient normaux. Le bilan hormonal hypophysaire mettait en évidence un déficit thyréotrope et somatotrope associé à une hyperprolactinémie de déconnexion, sans autre hypersécrétion hormonale. Une supplémentation par hormones thyroidiennes était instaurée.
Devant cette lésion "trop parfaite", un angioscanner cérébral était réalisé permettant de rectifier le diagnostic initial. Il s’agissait d’un anévrysme carotido-caverneux gauche unique non rompu, envahissant la selle turcique et exerçant un effet de masse sur la citerne opto-chiasmatique et le chiasma optique. L’hypophyse n’était pas individualisable. La patiente a bénéficié d’une prise en charge endovasculaire avec mise en place d’un stent et coiling du sac anévrysmal.
DISCUSSION : L’anévrysme carotido-caverneux est une cause rare d’hypopituitarisme par compression extrinsèque mais constitue l’un des diagnostics différentiels de l’adénome hypohysaire. La fréquence serait de 0.17% des hypopituitarismes (Heshmati 2001). Il est notamment caractérisé par un vide de signal en T2*.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.