Croissance et statines
T. Edouard*a (Dr)
a Unité d'Endocrinologie, Maladies Osseuses et Génétique, hôpital des Enfants, CHU Purpan, Toulouse, FRANCE
* edouard.t@chu-toulouse.fr
Le syndrome de Noonan (SN) est une maladie autosomique dominante relativement fréquente caractérisée par des anomalies craniofaciales, des anomalies cardiaques, un retard de développement et un retard statural. Ce syndrome est principalement causé par des mutations gain-de-fonction du gène PTPN11qui code pour la tyrosine phosphatase SHP2. La conséquence la mieux connue de ces mutants est une activation de la voie de signalisation Ras/MAPK qui est responsable des différentes atteintes retrouvées dans ce syndrome.
Le retard de croissance est une des atteintes les plus fréquentes du SN, affectant environ 80% des patients. La découverte des gènes responsables du SN a permis de mieux comprendre les mécanismes moléculaires à l’origine de ce retard statural. Ainsi, ont été mises en évidence chez les enfant SN, d’une part une insensibilité à l’hormone de croissance, d’autre part des anomalies de la différenciation des chondrocytes lors du processus d’ossification endochondrale, indépendantes des anomalies hormonales. De manière intéressante, ces deux mécanismes sont médiés par une activation excessive de la voie Ras/MAPK.
Récemment des inhibiteurs de la 3-hydroxy-3-methylglutaryl coenzyme A (HMG-CoA) réductase, également connus sous le nom de “statines”, ont été suggérés comme ayant un potentiel thérapeutique pour les Rasopathies en diminuant l’activation de la voie Ras/MAPK. Ainsi, il a été démontré que les statines pouvaient corriger le retard de croissance dans un modèle murin de SN. Un essai thérapeutique prospectif, randomisé, contrôlé contre placebo, en double aveugle (PHRC national) sur l’utilisation des statines chez les enfants SN pour corriger le retard statural est actuellement en cours.
L’auteur n’a pas transmis de déclaration de conflit d’intérêt.