Résumé
Un paradoxe de l’exposition chronique aux glucocorticoïdes : résistance à l’insuline mais meilleure tolérance au glucose associée à une néogénèse des cellules beta pancréatiques
Mme TTH. DOa, M. A. BESSEICHEb, Dr G. DOROTHÉEa, Pr B. FÈVEa, Dr B. BLONDEAUb, Dr M. BUYSEa
a INSERM UMR_S938 Site Saint Antoine, Faculté de Médecin, Université Pierre et Marie Curie, Paris ; b INSERM UMR_S872 Centre de Recherche des Cordeliers, Université Pierre et Marie Curie, Paris
Introduction. Une exposition prolongée aux glucocorticoïdes provoque des effets secondaires graves tels que prise de poids, lipodystrophie, et insulinorésistance. L’objectif était de préciser les mécanismes par lesquels les glucocorticoïdes perturbent le métabolisme glucidique.
Matériels, méthodes. Des souris mâles C57Bl6/J traitées pendant 8 semaines par la corticostérone (CORT) diluée dans l’eau de boisson (100 μg/mL) ont été étudiées en terme de tolérance au glucose, sensibilité à l’insuline, morphologie et profil d’expression génique des dépôts adipeux et du pancréas endocrine.
Résultats. La CORT induit une prise de poids préférentielle des différents dépôts adipeux profonds, associée à une infiltration macrophagique. Cependant l’induction des marqueurs M1 pro-inflammatoires n’est retrouvée que dans le tissu adipeux viscéral. Il existe une insulino-résistance majeure et une diminution de l’utilisation périphérique de glucose chez les souris CORT. La CORT induit une hyperglycémie post-prandiale mais réduit la glycémie à jeun. De manière surprenante, les souris CORT présentent une meilleure tolérance au glucose après un jeûne de 6h, avec un meilleur index insulinogénique. La sécrétion d’insuline stimulée par le glucose sur îlots isolés de souris CORT est potentialisée, et va de pair avec l’expansion de la taille et du nombre des îlots conduisant à une augmentation de la masse des cellules β. L’augmentation d’expression de Ngn3 ainsi que d’autres facteurs transcriptionnels de la néogenèse met en exergue un nouveau mécanisme d’adaptation des cellules β.
Conclusion. L’insulino-résistance cortico-induite impose une adaptation forte de la masse (par prolifération et néogénèse) et de la fonction des cellules β entrainant une tolérance accrue au glucose.
retour