Résumé
Thyrotoxicose gestationnelle liée à une nouvelle mutation du gène du Récepteur de la TSH : questions diagnostiques et thérapeutiques maternelles et fœtales posées par le deuxième cas mondial.
Dr AL. COULONa, Pr F. SAVAGNERb, Dr M. VERNINc, Dr A. CHATRIANd, Pr O. CHABREa, Pr P. RODIENe
a Service d'Endocrinologie CHU Grenoble, Grenoble ; b Service de Génétique CHU Angers, Angers ; c Service Endocrinologie Diabétologie Groupe Hospitalier Mutualiste Grenoble, Grenoble ; d Service de Gynécologie obstétrique Groupe hospitalier mutualiste Grenoble, Grenoble ; e Service d'Endocrinologie CHU Angers, Angers
La mutation germinale K183R de l’ectodomaine du récepteur de la TSH (TSHR) est responsable d’une thyrotoxicose gestationnelle, liée à l’activation anormale du récepteur par l’hCG. Elle a été décrite dans une seule famille, en 1998.
Nous rapportons ici la deuxième mutation responsable de thyrotoxicose gestationnelle, au même locus, K183N, chez une patiente de 26 ans présentant, lors de sa première grossesse dépassant 8 SA, une thyrotoxicose sévère avec vomissements dès 9 SA. La négativité des anticorps anti TSHR, les taux normaux d’hCG et l’absence d’anomalie placentaire ont conduit au séquençage du gène TSHR. Cette mutation K183N avait déjà été créée et étudiée in vitro, démontrant son caractère fortement activateur, légèrement supérieur à K183R. Elle agirait aussi en empêchant la liaison K183-E157, cruciale pour la spécificité de liaison.
Sur le plan fœtal cette thyrotoxicose pose des problèmes thérapeutiques différents de la maladie de Basedow materno-fetale, en effet ici la thyroïde fœtale est exposée aux antithyroïdiens de synthèse maternels, alors que son activation par l’hCG placentaire est soit inexistante, soit probablement faible, selon le statut mutationnel. Chez cette patiente traitée dès 10 SA par une dose de 350mg/j de PTU, progressivement abaissée à 150mg/j l'échographie retrouve une thyroïde fetale au 95è percentile à 23 SA, qui se normalisera par la suite. L’analyse du sang du cordon déterminera prochainement le statut thyroïdien à la naissance.
Sur le plan maternel cette mutation impose une récidive précoce de thyrotoxicose lors d'une nouvelle grossesse, qui doit faire discuter un traitement ATS dès le début de celle-ci.
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